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Apprentissage sensoriel et travail de la main

Pédagogie Montessori : Apprentissage sensoriel et travail de la main

La pédagogie Montessori propose un apprentissage qui passe par les sens et le travail de la main. Maria Montessori a élaboré sa pédagogie à partir de l'observation d'enfants et aujourd'hui les neurosciences revisitent et confirment ces concepts fondamentaux !


Article rédigé par : Sabine Tinelli, Consultante et Formatrice Qualité Educative à Montessori Consultancy, avril 2020

Sabine Tinelli publie des articles afin d'apporter un éclairage sur la pédagogie Montessori.

L'Ecole Montessori l'Etincelle publiera régulièrement les articles de Sabine sur son site web et sa page Facebook


Maria Montessori est une médecin et anthropologue qui a consacré sa vie à observer la réalité enfantine. Grâce à sa grande qualité qu’est l’empathie, elle a pu découvrir et mettre au grand jour sa compréhension subtile du développement de l’enfant. A force d’essais et erreurs, de foi totale en l’enfant, elle a pu dévoiler son fonctionnement, et montrer comment, par la pratique de l’observation, il est possible de comprendre son secret, c’est à dire les étapes de son évolution, de son travail intérieur, qu’elle a nommé «auto-construction».

Ses découvertes ont fait le tour du monde et reviennent aujourd’hui aux portes de l’Italie, dont elle est originaire. Entretemps, depuis plus de 30 ans maintenant, les études de neurosciences et la connaissance en psychologie cognitive ont pu démontrer avec l’aide des outils modernes en quoi l’approche de Maria Montessori était visionnaire en son temps et en quoi elle est tellement actuelle dans un monde en perpétuelle innovation. 

Apprentissage sensoriel et travail de la main


Comment l’enfant apprend-il ? De nombreuses théories ont tenté de répondre à cette question. Avez-vous déjà vu un bébé tout mettre à la bouche ? Vous êtes-vous demandé pourquoi il le fait ?

Puis quelques temps plus tard, dès qu’il a développé la volonté et acquis l’équilibre lui permettant de se déplacer debout il « touche à tout » ! Et oui, votre maison devient un danger si elle n’est pas préparée pour permettre à l’enfant d’évoluer à son rythme, elle devient un obstacle au développement de sa volonté, de sa croissance physique visible grâce à ses mouvements.

Or, chaque enfant va développer des compétences intellectuelles différentes mais aussi des capacités physiques variables : l’enfant qui très tôt manifeste le plaisir de jongler, ne développera pas les mêmes muscles que le joueur de tennis. Alors, revenons à notre enfant, il commence à marcher, il regarde ses mains, ..., quels membres merveilleux... ! Il a déjà expérimenté beaucoup depuis sa naissance, l’avez-vous observé ? Avez-vous remarqué :

Votre enfant a les sens en éveil dès son arrivée au monde : il est dans une phase d’apprentissage par les sens, qui va lui permettre les connections neuronales indispensables à son évolution complète, et optimale. Sans le développement de la parole, de la vue, de l’ouïe, de l’odorat et du toucher, comment pourrait-il devenir un être équilibré ? Ce que le Docteur Maria Montessori appelle « l’esprit absorbant » est toute cette phase de croissance entre 0 et 6 ans où l’enfant apprend par les sens.

L’enfant qui arrive à l’école connait les couleurs, il les a vues, les a expérimentées, une personne de son entourage proche les lui a nommées. L’école lui permettra de les classifier, de les manipuler. Il pourra expérimenter tout ce qui est mis à sa portée, dans un environnement préparé avec soin pour répondre à son besoin d’exploration, de mouvement libre en sécurité, d’objets à la taille de sa main et de son corps pour favoriser son autonomie et sa croissance, son « auto-construction » dans un cadre et des limites appropriés.

L’enfant apprend à parler en écoutant, en regardant les mouvements de bouche des personnes qui approchent leur visage du sien... il sait parler lorsqu’il arrive à l’école. Si une entrave est mise sur le chemin de son apprentissage, imaginons que personne ne lui parle, alors il ne pourra pas développer le langage (certaines expériences désastreuses ont prouvé qu’il en mourrait).

C’est ce que Maria Montessori a appelé « les périodes sensibles », ces phases où l’enfant est dans une sensibilité extrême à un type d’intérêt envers son environnement, et qui lui facilite les apprentissages, car tout est enregistré dans son psychisme sans effort: n’avez-vous jamais remarqué que votre enfant a fait un bon soudain en langage ? L’école lui permettra de classifier, d’enrichir son vocabulaire, d’analyser, de comprendre l’origine, l’étymologie, l’Histoire de son langage, mais pas spécifiquement d’apprendre à parler.

Nous venons de décrire l’enfant qui a appris dans son entourage à s’exprimer et à se déplacer et donc marcher. Nous sommes des animaux avec quatre membres et pourtant, nous en utilisons seulement deux pour marcher. Avez-vous vu un enfant découvrir ses mains libres juste lorsqu’il a appris à marcher ? Il est alors prêt à tout explorer, toucher, caresser, tirer, pousser, déchirer, lancer, ... Ses gestes vont devenir de plus en plus fin, il va atteindre des objets de plus en plus précis, manipuler de nombreuses fois des objets divers de son environnement quotidien.

De plus, l’enfant est un observateur né et il regarde chaque individu dans son foyer, il souhaite faire partie de cette famille. C’est pourquoi il entre très rapidement dans une phase d’imitation et de volonté de « faire seul ». Alors, dans les écoles pensées par Maria Montessori, tous les objets de la vie quotidienne ont été apportés afin d’être le lien entre l’enfant et sa culture, ils sont à la taille de la main de l’enfant afin de faciliter ses manipulations, et tout ce qui est appelé « Vie Pratique » dans le jargon des classes 3-6 ans, est la partie primordiale permettant à l’enfant de nombreuses manipulations constructives.

« Une des caractéristiques de l’homme est la liberté de sa main, la possibilité pour ses membres supérieurs de se livrer à des gestes qui ne sont plus ceux du simple déplacement dans l’espace, mais qui les transforment en organes exécutifs de l’intelligence. »

Maria Montessori; L’enfant; DDB; 2004; p.76

Le travail de la main est ce qui a permis à l’homme de construire chaque civilisation puis d’en laisser des traces par les objets qu’il a fabriqués et par l’écriture, des objets d’une finesse difficilement reproductible parfois même avec les techniques actuelles. Chaque homme développera un travail de ses mains lui permettant d’accomplir des œuvres différentes, du peintre au sculpteur, en passant par le violoniste.

Chaque œuvre réalisée par les mains de l’homme sert son intelligence mais au-delà, lui forge son caractère, sa fierté, sa détermination, son estime de soi. Le développement de la main a trois caractères : un caractère biologique, un physique et le troisième est au niveau du développement spirituel dans le sens du développement de l’esprit, de l’intelligence.

Dans l’environnement Montessori, tout est préparé pour remplir les fonctions des étapes de l’intelligence : la préhension du matériel, le déplacement en portant son matériel, puis les mouvements du matériel, verser d’un récipient à un autre, ouvrir et fermer des boites, de plus en plus de finesse est nécessaire pour la réalisation des gestes.

Nous avons abordé ici deux facettes essentielles de la construction de l’enfant, son développement par les sens, sa capacité à absorber son entourage concrètement puis à l’ordonner, le classifier. Le développement de son intelligence dépend des possibilités qui lui sont offertes de raffiner ces sens, nous parlerons du matériel sensoriel proposé par Maria Montessori plus en détail dans un prochain article.

Alors, chaque fois que l’enfant a le désir de toucher, de manipuler, offrons-lui cette possibilité, dans les meilleures conditions !